Vous travaillez dans le tatouage, la peinture et la musique. Comment ces domaines s’influencent-ils mutuellement ?
Différents médiums ont des rôles différents dans ma vie. Le tatouage fait appel à mon côté perfectionniste : j’aime que tout soit net, précis et intentionnel. La peinture, en revanche, est l’endroit où je me sens plus libre et dans l’instant. J’ai compris combien il est important pour moi de créer avec mes mains, c’est ma thérapie, ma guérison.
La musique est un peu une activité parallèle pour le moment. La plupart des chanteuses que j’écoute sont des femmes, et j’ai toujours voulu me sentir plus incarnée dans ma féminité et ma sexualité. Je retrouve cela chez les musiciennes que je suis. C’est agréable de l’exprimer aussi dans mes peintures, où l’art peut parler de lui-même, plutôt que ce soit moi devant la caméra.
Les formes botaniques et le corps féminin apparaissent souvent dans votre travail. Qu’est-ce qui vous attire dans ces motifs ?
Je travaille beaucoup avec le corps féminin, et depuis que je suis devenue mère, je suis encore plus admirative du corps des femmes, de sa force, sa douceur, sa résilience et sa beauté. Voir mon corps changer et observer mes amies devenir mères aussi n’a fait que renforcer cette inspiration.
Comment le fait de devenir mère a-t-il influencé votre manière de travailler ou de penser votre pratique ?
On peut voir la croissance dans la peinture, et je peux sentir la croissance en moi, en tant que mère et en tant que femme.
Comment la grossesse a-t-elle influencé votre processus créatif ?
Quand j’étais enceinte de mon premier bébé pendant le confinement, j’avais beaucoup de temps libre car je ne pouvais pas tatouer. Mon ex-partenaire a vidé le grenier et m’a dit de recommencer à peindre, ça faisait tellement longtemps. Je me suis installée là-haut et la créativité a simplement jailli. Il y avait quelque chose dans la grossesse, dans le fait de créer la vie, qui m’a inspirée à créer de l’art. Je pense que c’est à ce moment-là que je suis devenue peintre professionnelle, il y a environ cinq ans maintenant. C’est un peu un rêve devenu réalité.
Qu’est-ce qui vous a d’abord attirée vers le tatouage, et comment cela a-t-il changé votre relation au dessin ?
Le tatouage m’a donné tellement de confiance dans mon dessin, surtout maintenant que je travaille davantage au freehand. Je suis beaucoup plus à l’aise pour esquisser directement sur le corps ou sur toile grâce à cette expérience.
Qu’avez-vous appris en travaillant sur la peau qui influence votre travail sur papier ou toile ?
Le tatouage est précis et permanent, tandis que la peinture, surtout sur une toile brute avec de la peinture diluée, est plus fluide et éphémère. Je peux poser quelque chose, puis l’éclabousser ou l’étaler avec de l’eau. J’adore le contraste entre les deux : la perfection dans le tatouage et la liberté dans la peinture.
Comment abordez-vous les formes organiques dans votre travail de tatouage ?
C’est très agréable de tatouer quelque chose d’organique et fluide. Si les lignes ne sont pas exactes, ça fonctionne quand même, comme les courbes naturelles du corps ou des feuilles. La nature est l’essence de la vie, et la plupart de mes choix de couleurs s’en inspirent.
Comment les saisons et votre environnement influencent-ils votre créativité ?
Le printemps et l’été sont mes périodes les plus créatives. Vivre à Brighton, avec sa couleur, sa liberté, son art et sa musique, rend difficile de ne pas se sentir inspirée. Les couchers de soleil sur la mer, ce soleil orange contre le bleu irisé, sont tout simplement parfaits.
Comment abordez-vous la couleur dans votre travail ?
Je suis généralement attirée par les tons pastel et les couleurs terreuses. Quand j’étais au Portugal, je suis tombée amoureuse de la terre cuite. J’ai rénové ma maison là-bas avec des carreaux de terre cuite faits main, et cela m’a donné une nouvelle appréciation pour les couleurs naturelles, pierreuses.
Préférez-vous planifier une œuvre ou la laisser se dérouler au fur et à mesure ?
Je ne suis pas du tout quelqu'un qui fait des plans. Je suis super spontanée. Je ne sais jamais ce qui va se passer sur la toile avant de poser le premier trait, puis je réagis et je construis à partir de là.
Quels outils ou matériaux Winsor & Newton utilisez-vous encore et encore ?
J’adore les acryliques Winsor & Newton Galeria, surtout pour leur fluidité et leur temps de séchage rapide. Je suis assez impatiente, donc pouvoir poser quelque chose et y revenir dix minutes plus tard me convient parfaitement.
Avez-vous déjà utilisé un outil ou une méthode de manière inattendue qui est devenue partie de votre processus ?
J’ai toujours utilisé les acryliques Galeria et récemment, j’ai commencé à les mélanger avec un « flow improver » et de l’eau pour créer une sorte de peinture à couler. J’adore l’effet tie-dye, aquatique, que cela produit, surtout sur une toile brute.
Quelles sont certaines de vos couleurs préférées à utiliser ?
Ces derniers temps, j’adore le set Pastel Winsor & Newton Galeria. Je pourrais réaliser une peinture entière sans rien mélanger, ça rend la peinture tellement joyeuse et facile. J’aime particulièrement le Terracotta Pale et le Bleu Ciel. Je les ai utilisés pour la première fois au printemps, ce qui semblait être le moment parfait.
Quel loisir ou activité non artistique vous aide à rester ancrée ou inspirée ?
J’ai plein de hobbies, mais le yoga est essentiel, surtout en tant que tatoueuse, où le corps peut devenir très tendu. Revenir à mon corps après avoir eu des enfants a été très valorisant. Je n’avais pas fait de poirier depuis cinq ans, et maintenant je me sens plus forte et plus équilibrée qu’avant. C’est une sensation merveilleuse, de réaliser que l’on est toujours capable, toujours vivante et forte.
